Samedi 16 novembre 2024 a eu lieu l’inauguration des travaux de restauration de la fontaine qui a servi de décor naturel pour le tableau de Gustave Courbet La fontaine de Léri à Chassagne.
Ce tableau THE SPRING OF LÉRI IN CHASSAGNE est exposé au musée des Beaux-Arts de Budapest.

Cette vidéo vous permet de pénétrer dans la réserve naturelle nationale du Ravin de Valbois où se trouve ce site qui a été rénové pendant trois années jusqu’en septembre 2024.
L’accès reste possible, mais très limité et jusqu’à 9 personnes. Au-delà, les groupes sont autorisés à se rendre dans la réserve naturelle après avoir obtenu l’autorisation. Une demande préalable est à effectuer auprès de l’organisme gestionnaire de la réserve avant la sortie (03 81 53 04 10 – contact@cen-franchecomte.org).

Les années 1850 sont pour Gustave Courbet une période de grande peinture réaliste : ses compositions, formulées à fort contenu politique et réfléchissant aux questions sociales, suscitent de bruyants scandales. Au cours de la décennie suivante, Courbet s’éloigne quelque peu des thèmes sociaux et le paysage gagne en importance dans son art. Pendant plusieurs décennies, ce paysage a été considéré comme réalisé près de Fouras sur la côte atlantique française. Avec l’aide du musée Courbet, il est apparu récemment que l’œuvre avait été réalisée près d’Ornans, la petite ville de l’Est de la France où le peintre est né. La source de Léri située dans le village de Chassagne est restée quasiment intacte, et il est facile de reconnaître les bassins et le fond rocheux même sur des photographies récentes. En comparant le tableau avec son décor d’origine, on peut observer comment Courbet a légèrement réorganisé le paysage en volumes clairs et simples, restituant la végétation estivale, les personnages et les effets d’ombre et de lumière grâce à sa technique audacieuse au couteau. Anna Zsofia Kovacs

De toute évidence, le tableau de Gustave Courbet représente exactement ce que les habitants de Chassagne-Saint-Denis, nomment la fontaine de Léri du nom du ru, le petit ruisseau, qui trouve sa source à quelques mètres des lavoirs, et qui se jette quelques centaines de mètres plus bas dans le ruisseau de Valbois, avant de rejoindre la Loue à Cléron. 

Après avoir interrogé les services du musée des Beaux-Arts de Budapest au sujet de la situation géographique et de la dénomination du tableau, il s’ensuivra de nombreuses correspondances entre le musée de Budapest et l’association des Amis du Musée Courbet. 

Les explications données par Madame KOVACS, conservatrice au musée des Beaux-Arts de Budapest, précisent : « Il semble que l’identification du site comme étant la source de Fouras provient d’une suite d’incompréhensions et d’erreurs. La plus ancienne mention du tableau est le catalogue de la vente de la collection De Kuyper en 1897, dans lequel l’oeuvre figure sous le titre «Les Puits». 

Par la suite, la toile rejoint la collection de l’amateur hongrois Mór Herzog dans les années 1920, puis les collections du musée de Budapest après la guerre, et elle est généralement simplement citée comme « La Source » dans la presse et les publications du musée jusqu’en 1965. 

À cette date, le conservateur des peintures modernes István Genthon publie un ouvrage sur les peintures françaises modernes du musée des Beaux-Arts de Budapest, où l’oeuvre est mentionnée comme la Source, mais l’auteur estime qu’il s’agit de la source de la Loue, sans préciser l’origine de cette hypothèse (probablement une simple supposition). 

En 1973, Roger Bonniot publie son livre « Gustave Courbet en Saintonge », dans lequel il revient longuement sur les identifications du site proposées par Charles Léger en 1948 dans son ouvrage « Gustave Courbet et son temps » (malheureusement, nous n’avons pas la copie de ce texte dans notre documentation) et par István Genthon en 1965. Le moins qu’on puisse dire est que Bonniot n’est convaincu par aucune de ces deux propositions. Il signale également que, dans le cas où l’oeuvre aurait été exécutée dans les environs de Fouras, ses recherches pour retrouver l’endroit sont restées infructueuses. 

Robert Fernier inclut l’oeuvre dans son catalogue raisonné en 1977 (n°349), sous le titre de La Source, mais indique que Ch. Léger […] date ce tableau de 1863, le déclarant comme peint à Fouras (Charente-Maritime) », ce qui semble en contradiction avec ce qu’indique Roger Bonniot. 

En 1981, le tableau figure à une exposition des chefs-d’oeuvre du musée des Beaux-Arts de Budapest organisée au Japon (Gumma, Sapporo, Tokyo). Probablement sur la base du catalogue de Fernier, le titre devient « The Spring at Fouras ». Cette appellation a été ensuite systématiquement reprise dans les publications du musée, notamment par Mária Illyés (Oeuvres françaises du XIXe siècle. Musée des Beaux-Arts de Budapest, Budapest, 2001, p. 64-65), qui axe son analyse de l’oeuvre autour du voyage de Courbet en Saintonge. 

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