Un livre de Gilles Fumey.

Mis en place dans la haute société d’Ancien régime à la fin du 18e siècle avec l’arrivée des trois boissons tropicales (thé, café, chocolat), le petit déjeuner a été préempté par l’industrie alimentaire. Depuis 1917, avec la parution d’un article dans une revue appartenant à l’industriel Kellogg qui fabrique les corn flakes, elle est parvenue à faire croire que c’était le repas le plus important de la journée. Et si c’était une erreur ?
Les biologistes expliquent que notre corps qui sécrète du cortisol (hormone du stress) lorsqu’on se réveille le matin, n’a besoin de rien durant les trois heures qui suivent notre lever.
L’histoire donne raison aux scientifiques. Gilles Fumey documente la manière avec laquelle s’est construit ce repas, comment les humains s’en sont passé et comment l’offensive des majors américaines dans les années 1970 avec, notamment les céréales et les jus de fruit, a été à l’origine du développement du surpoids et de l’obésité de masse.
En faisant l’histoire du petit déjeuner, l’auteur montre comment les mutations actuelles sur les repas peuvent nous aider à reprendre le contrôle de notre alimentation. Un livre étonnant qui nous dévoile les coulisses de notre alimentation mondialisée.
Extrait :
Merci aux paysans du matin
La nuit vient de se terminer, il faut se lever pour les vaches. Dans le passé comme aujourd’hui, ils ne sont pas nombreux à avaler un café avant de rejoindre les écuries autrefois, les salles de traite aujourd’hui.
Pendant trois heures, ils s’activent à récupérer la matière première des fromages, ils « soignent » les bêtes (foin, grains…). Puis vient le casse-croûte : dans une bonne odeur de café éclairci au lait, du pain et du beurre, du jambon, du fromage, des œufs et, aujourd’hui, des… céréales passées par les supermarchés.
Les paysans sont-ils les derniers d’un monde qui mettait, comme dans les monastères ou au palais de Versailles, le premier repas de la journée, trois heures après le lever ? Peut-être. Sauf s’ils ont cédé, avec les enfants sensibles aux pubs, à la facilité du petit-déj industriel (céréales, jus d’orange) qui est la pire horreur nutritionnelle, le premier symbole de la malbouffe américaine ?
Depuis les années 1970, la montée du surpoids et de l’obésité est corrélée à celle de ce repas imposé dans les consciences comme « le repas le plus important de la journée ». Quand on sait que c’est Kellogg’s, le fabricant de céréales soufflées qui a inventé cette idée il y a juste un siècle… la pub a bien fonctionné avec l’aide des nutritionnistes payés par l’industrie.
Dans nos terroirs franc-comtois, reprenons nos esprits à table le matin ! Sans nostalgie du passé mais sans concession avec l’industrie agroalimentaire et ses dérives pathologiques (diabète, parkinson, Alzheimer…).
Et surtout, bon café ensemble, mais dans de nouvelles dispositions !
Gilles Fumey
En librairie.
Format : 14,8 x 21 cm
80 pages.
Reliure : broché, collé
rayon : Essai.
14€ /18 CHF.
Éditions d’en bas. contact@enbas.ch – www.enbas.net
L’AUTEUR :
Gilles Fumey est géographe (Sorbonne Université/CNRS), il a publié une vingtaine d’ouvrages sur l’alimentation traduits dans une dizaine de langues.
Parmi ses derniers titres : Histoire de l’alimentation, coll. Que-sais-je ? et Géopolitique de l’alimentation Éditions Sciences humaines.
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ARCHIVE :
– Le roman du chocolat suisse par Gilles Fumey.
– Gilles Fumey, un franc-comtois qui n’a pas oublié ses racines.
– «Le Doubs est pour moi plus une idée qu’un paysage».
– La malbouffe, choix ou fatalité ?