L’Association Sportive et d’Education Populaire (ASEP) de Besançon exposait, en deuxième quinzaine de mars dans son hall d’accueil, les planches de la BD Le Doubs, une terre d’histoire. C’était l’occasion de donner un élan supplémentaire à l’ouvrage paru le 3 décembre 2021. 

La maison d’édition strasbourgeoise du Signe aime mettre la bande dessinée au cœur d’expériences. « Le Doubs, une terre d’histoire » s’inscrit dans une collection intitulée BD départements.
Cette série comprendra tous les départements de France, dont une trentaine est déjà en pages et vingt autres en cours.
Pour le même éditeur, Christian Maucler avait déjà réalisé, il y a un certain temps, un album consacré à la ville d’Annecy. Au demeurant, la maison d’édition s’évertue pour la collection du moment à recourir à des rédacteurs locaux, notamment des historiens, afin d’opérer ce que Jean-Pierre Costille qualifie de « circuit court local ».
C’est dans cette logique que les Éditions du Signe ont à nouveau fait appel à Christian Maucler, qui s’est associé pour la première fois à ce professeur d’histoire. L’entente a été parfaite. Il faut le souligner, car disons-le, l’harmonie n’est pas systématique avec tous les duettistes…
Christian Maucler estime qu’un livre prévaut sur le caractère de ses auteurs. « Quand tu travailles avec un historien qui a un égo grand comme la place de la Révolution de Besançon, ça devient vite pénible« , confie-t-il à Villages FM.
Pour les besoins du la bande dessinée sur le Doubs, le dessinateur cherchait donc un historien compatible, « et c’est par le copain d’un copain d’un copain que j’ai contacté Jean-Pierre« , raconte-t-il. Ce fut l’opportunité pour M. Costille de s’essayer au métier de scénariste. Pour lui une échappée. Toutefois réclamé pour ses compétences, celui-ci est intervenu pour la partie préparatoire à documenter de précisions historiques et la réalité visuelle dans une époque. Laquelle réalité devait inspirer l’illustration à Christian Maucler.
Il n’en reste pas moins que Jean-Pierre Costille est coauteur de l’ouvrage à même titre que le dessinateur. Ils ont opéré totalement dans l’échange, sans délimiter vraiment les tâches. Ils se concertaient mutuellement, l’un pouvant corriger des éléments de l’autre.

Le fil conducteur qui pénètre les lieux à des périodes diverses afin de connecter deux millénaires d’un territoire, repose sur des personnages. Un homme et une femme qui finalement sont les avatars des auteurs. « C’est un prétexte narratif pour parler de l’Histoire du département« , confirme Christian Maucler. Cela rend le contenu plus digeste. Et puis avoir créé ce genre de figures ponctue les informations apportées. Parfois même, les données se confrontent. Ainsi le rythme donne vie à cet opus.

Entre romans graphiques et une série policière, les BD historiques ne représentent qu’un petit pourcentage du travail de Christian Maucler.
Dans ce style d’ouvrages tout ne tient qu’à la préparation, qui de surcroît demande plus d’énergie que les BD classiques.
Elle est à ce point essentielle qu’à l’arrivée rien ne doit manquer aux auteurs. De toute façon, Christian ne revient jamais sur une page terminée. Le relief temporel nécessite une fouille de documentation adossée aux cultures témointes visuelles d’époques. « S’il me demande un Besançon du XVIe siècle  je ne vais pas le laisser comme ça« , appuie Jean-Pierre Costille. L’historien a épluché et sélectionné.
Cela évitait à son partenaire dessinateur de devoir dépecer des corpus de documents. Il s’agissait donc d’établir une présélection de choix. Et Christian Maucler de citer la célèbre vue de Besançon dessinée sous Louis XIV par le peintre belge Adam Frans Van Der Meulen. Finalement le binôme n’aura buté que sur la reconstitution du château féodal de Montfaucon, près de Besançon au XIe siècle. Aujourd’hui en ruine, seuls des plans ont été retrouvés par Jean-Pierre Costille, et annotés comme « représentation plausible, mais pas certaine » dans l’album. Les informations collectées invoquaient l’importance de l’édifice qui abritait un village et dominait la rivière du Doubs. La reproduction de la BD ne propose pas une vérité, mais elle ne devait pas laisser le lecteur sur sa faim.

Les personnages du livre s’interrogent quant à savoir si l’illustre personnalité du Doubs au XIX siècle est Gustave Courbet ou Victor Hugo, sans parvenir à les départager, « cela permet d’entendre parler des deux », concède Jean-Pierre Costille. Il en va de même pour l’équilibrage des lieux. Le duo a balayé un large spectre sur l’ensemble du département, sans se focaliser sur une situation géographique en particulier. Idem pour le public visé. Toutes les catégories sociales et générationnelles peuvent être captées, y compris les touristes. « J’ai même vu le livre dans le Jura et dans le Territoire de Belfort !« , s’émoustille l’enseignant étayant un effet de proximité.

Fred D Rico

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