Philippe Bonnet, installé à Reugney, a un arc dans les mains depuis sa plus tendre enfance. Ses parents ont pratiqué cette discipline en compétition et lui ont fait partager leur passion. Puis, avec l’âge, audelà de la pratique, fabriquer un arc de ses propres mains est devenu une évidence. Mais on ne s’invente pas facteur d’arcs du jour au lendemain, car « c’est bien en cassant des arcs que j’ai appris à les fabriquer » nous précise Philippe Bonnet. Il faut comprendre ses erreurs et réussir à les détourner en prenant bien sûr en compte les lois de la physique. Il ne lui suffit pas d’être beau, il doit aussi être performant. « Ce qui est important pour moi dans cette fabrication, c’est de partir d’un bout de bois et de le travailler entièrement. Pas de moules préfabriqués ou de pièces achetées, tout est fait de mes propres mains, un art minutieux qui nécessite plus de deux mois de fabrication ».
L’art de la fabrication
Il faut comprendre qu’un arc a besoin de très grande rigidité pour ne pas casser, mais aussi d’une grande souplesse. On fabrique un arc pour un archer, en fonction de ses besoins (chasse, loisirs, compétition), mais aussi en fonction de sa morphologie et la puissance qu’il souhaite. Tout un protocole est requis pour bien cibler le besoin. Le choix du bois est également primordial, pour Philippe Bonnet, il doit provenir avant tout de la région. L’érable, l’acacia, le noyer noir, l’orme sont des bois que les facteurs d’arcs utilisent fréquemment avec une préférence pour l’if qui est, pour lui, le bois le plus noble. Après avoir réalisé un moule d’après le plan de l’arc souhaité, il débite des lames de bois de quelques millimètres d’épaisseur qu’il collera les unes aux autres dans un moule. Par endroit, un renfort du lamellé collé est réalisé avec la pose d’une fibre et collé avec une résine époxy. Cette technique vient renforcer l’arc et lui donner de la puissance, mais elle est subtile, il faut chauffer, respecter des temps de séchage, de repos et ensuite ébavurer la fibre, tout un art…
Un travail au dixième de millimètre qui demande beaucoup de patience, mais aussi un oeil artistique pour mélanger les essences de bois, ce qui relève presque de la marqueterie.
Sophie GARNIER