La Citadelle de Besançon a vu naître au mois de février un lémurien d’une espèce particulièrement menacée : le Propithèque couronné. Le Muséum de Besançon s’implique depuis de nombreuses années dans des actions en faveur de la biodiversité et cela n’a jamais été aussi essentiel, à l’heure où la liste des espèces menacées d’extinction à l’échelle régionale et dans le monde ne cesse de s’allonger.

Le Muséum de Besançon héberge depuis presque 30 ans des espèces locales et exotiques sensibles et précieuses. Son implication, le professionnalisme et le savoir-faire de ses équipes en matière de préservation et de reproduction de ces animaux exigeants sont reconnus et dépassent largement le cadre du Parc zoologique. En effet, nombreuses sont les actions engagées par les équipes du Muséum de Besançon en faveur du maintien de la biodiversité : la réintroduction d’animaux dans un milieu naturel restauré, le renforcement de populations sauvages, l’expertise scientifique pour les programmes de terrain, la pédagogie permettant de sensibiliser à la protection du vivant, le soutien financier aux projets de conservation et le maintien de populations animales de sauvegarde en milieu maîtrisé.
La présence de propithèques couronnés et d’autres espèces dont le statut dans la nature est compromis dans l’enceinte de la Citadelle fait écho à ces objectifs. Les naissances de ce début d’année 2025 donnent du sens à l’investissement quotidien de l’équipe du Parc zoologique, ses soigneurs, biologistes, vétérinaires et écologues engagés pour la préservation du vivant et de l’environnement.
Un petit ambassadeur
Alors qu’il n’est encore pas possible de ré-ensauvager toutes les espèces issues de parcs zoologiques européens, il existe un espoir à Madagascar pour les propithèques couronnés. La population mondiale de propithèques couronnés en parcs zoologiques peut à terme venir renforcer les groupes de lémuriens en semi-liberté à Madagascar avec l’objectif d’accroître les groupes sauvages via le fruit de leur reproduction.
Ce jeune primate né à Besançon fin février est actuellement considéré comme un ambassadeur de son espèce, permettant aux parcs zoologiques de protéger ces primates dans leurs milieux naturels.
Pour exemple, depuis 2011, la Citadelle soutient financièrement l’association malgache « Sifaka conservation » qui oeuvre à la préservation du Propithèque couronné. Cette association s’implique dans le développement durable permettant la protection des forêts, assurant le soutien à l’économie locale, et sensibilisant les populations sur les menaces qui pèsent sur cette espèce.
Pourquoi maintenir des populations de sauvegarde ?
L’Union Mondiale pour la Nature (UICN) est l’organisme d’évaluation des risques qu’encourent les espèces animales et végétales dans leurs milieux naturels. En fonction des risques d’extinction et des possibilités de restauration des habitats, l’UICN fait appel aux institutions zoologiques pour maintenir des animaux en milieux contrôlés, maîtriser leur reproduction afin de réintroduire leur descendance. Si la réintroduction n’est pas possible
à un instant donné, comme c’est actuellement le cas pour une majorité de propithèques couronnés, elle sera possible à moyen terme.
Maintenir en milieu maitrisé des animaux en vue de leur réintroduction, c’est ce pari que fait le réseau des parcs zoologiques modernes, dont fait partie le Muséum de Besançon, à l’heure où le grand public se questionne sur le lien entre naissance en zoos et protection de l’environnement.
Bien-être animal et diversité génétique, une condition inhérente à la sauvegarde des espèces
Ce pari est possible seulement si les animaux expriment un large répertoire comportemental, afin de se réadapter à la vie sauvage. A Besançon, une équipe de 25 professionnels, soigneurs, vétérinaires, biologistes et écologues est mobilisée en continu pour garantir le bien-être des animaux. Grâce à l’engagement de la Ville de Besançon sur la question du bien-être animal, l’équipe du Muséum est renforcée depuis 2021 par des éthologues, apportant expertise, objectivation et soutien technique.
Par ailleurs, les programmes de réintroduction ne sont cohérents que s’ils s’intéressent à la diversité génétique des animaux réintroduits, en complément de la question relative au comportement des individus. Chaque espèce est gérée à l’échelle internationale par un coordinateur (arrivée / départ / suivi …) épaulé par un biologiste spécialisé dans le suivi génétique. Cette coopération scientifique donne toutes les chances de réussite aux programmes de préservation soutenus par le réseau des parcs zoologiques modernes.
Zoom sur… Le Propithèque couronné
Statut UICN, liste rouge : en danger critique d’extinction
Nombre dans la nature : Quelques milliers d’individus, estimation difficile, extinctions de groupes dans certaines forêts ; certaines populations restent denses grâce à une protection efficace. Perte de plus de 80% de l’effectif en l’espace de 30 ans.
Nombre en zoos dans le monde : 15
En zoos en Europe : 15
En France : 11
À Besançon : 5 (1 couple et 3 jeunes)
Date d’arrivée des premiers propithèques : juin 2002 (dont le mâle reproducteur de 28 ans, doyen de la population en zoos)
Nombre de jeunes nés à la Citadelle : 12 La femelle actuelle élève son 6e jeune.
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À noter
Les jeunes restent très fragiles et font l’objet d’une surveillance accrue de la part de nos équipes animalières.
Ils ne seront visibles en extérieur que si les conditions météorologiques le permettent.



