Vendredi 1er juillet 2011

Vous voir, nous voir, tous ici si nombreux à cet instant, c’est beaucoup d’émotion.

Quelle est la force qui nous rassemble ce soir ? COURBET ; et lui seul. Aujourd’hui, Gustave COURBET retrouve Ornans, sa ville ! Il est de retour dans cette maison à quelques mètres d’ici, là, où il a vécu, dans cette vallée qu’il a tant aimé avec ses clairs et ses obscurs, dans cette ville où il aimait réunir ses amis franc-comtois et parisiens, mais dans cette ville aussi qui, à la fin de sa vie, après la Commune, l’a rejeté, cette ville, qui dans son exil sur les bords du Léman, l’a fait souffrir.

Et pourtant, ce pays, il l’a aimé. Ce pays -les paysages mais aussi les gens d’ici- ont éclairé toute son oeuvre. Ce pays sans lequel son art ne saurait se comprendre ; ce pays, c’était une part de lui-même. Rappelez-vous : au plus fort de sa notoriété à Paris, il se présentait toujours de la même façon : « Gustave COURBET d’Ornans ». Son pays était sa définition.

C’est pourquoi un musée à Ornans s’imposait comme une évidence… non pas pour réduire le peintre à une dimension régionale, mais pour le magnifier à partir de son territoire.

Tout a commencé en 1903. Juliette COURBET, la soeur cadette, nourrit le rêve d’un musée dédié à l’oeuvre de son frère : « C’est dans la ville qui a été son berceau que je désire placer, comme dans un salon de famille, les oeuvres les plus caractéristiques de sa vie ». Elle ne réussira pas à réaliser son ambition. Il faudra attendre l’association des Amis de COURBET fondée en 1938 à l’initiative du talentueux Robert FERNIER. Guidé par sa foi, l’artiste franc-comtois parvient à réaliser ce qui, quelques années plus tôt semblait relever de l’utopie : grâce à une souscription et une importante subvention du Conseil général de l’époque, un musée est érigé dans l’ancienne maison familiale de COURBET, l’Hôtel HEBERT. Son inauguration le 10 septembre 1971 par Jacques DUHAMEL, Ministre de la Culture, est un moment fort et symbolique. Le musée dont on dit qu’il est le plus petit du monde (300 m2) prend son essor… En 1979, l’association en fait don au Conseil général du Doubs qui assure son fonctionnement et la conservation… Très vite, le musée est à l’étroit ; les conditions de sécurité et de fonctionnalité ne sont plus au rendezvous. Il faut en imaginer l’agrandissement et la modernisation. Mes prédécesseurs réfléchissent à des projets ; des esquisses sont réalisées… On semble s’orienter vers un équipement pharaonique.

A mon arrivée à la tête du Département en 2004, il me revient de faire des choix, ce choix : vous en avez la traduction dressée devant vous aujourd’hui. Ce projet de nouveau musée, nous le confions à l’architecte Christine EDEIKINS. Ce projet, nous voulions qu’il puisse s’intégrer avec émotion, respect et harmonie dans cette cité de charme. Mais il fallait aussi qu’il porte l’audace du peintre. Rappelezvous : loin de tous les conformismes, il voulait, disait-il, « encanailler l’art ». Ainsi, histoire et modernité se rejoignent dans ce nouvel espace. L’Hôtel HEBERT, à la fois musée originel et maison de la famille COURBET, restitue intacte l’intimité du lieu. Tous les autres espaces, gagnés sur les maisons contiguës, sont en communion avec la nature environnante : voilà que les paysages proches et familiers font irruption dans le musée, la rivière –la Loue- y pénètre. Expérience inédite que celle d’admirer une oeuvre de COURBET et, par transparence, être projeté dans cette nature qui l’a tant inspiré.

Avec plus de 1 000 m2 de salles d’expositions permanente et temporaire, le musée COURBET est inscrit dans le réseau des musées internationaux (label musée de France). Il porte une ambition plus large. Le projet de tout un territoire « Pays de COURBET, pays d’artiste » et qui met en dialogue nature et culture. Tous les paysages ici parlent de COURBET : nous voulons pouvoir les offrir à l’admiration des visiteurs.

Ainsi à partir de demain, 4 itinéraires nous emmènent à la découverte du peintre. Au coeur de ses sites nous avons mis en lumière les sources de la Loue. Et puis, il y a la maison familiale de COURBET à FLAGEY devenue espace culturel en milieu rural… Dans quelques mois, nous valoriserons aussi le dernier atelier de COURBET à ORNANS : il offre des fresques inédites du peintre… Il y aurait tant de choses encore à vous raconter… Tout ici vous parle de COURBET. Et COURBET nous parle de son pays. Dans notre projet de territoire, c’est cette mise en résonnance que nous voulons permettre.

Mais comment ne pas évoquer devant vous la 1ère exposition temporaire choisie pour l’inauguration de notre musée : « COURBET/CLESINGER, oeuvres croisées ». Le musée d’ORSAY à PARIS, le musée national d’art occidental de TOKYO et le musée cantonal des beaux arts de LAUSANNE nous ont fait l’honneur de mettre plusieurs oeuvres à disposition.

COURBET/CLESINGER ? Pourquoi ces 2 figures franc-comtoises sont-elles proposées à votre regard croisé ? Le peintre et le sculpteur se ressemblent. Animés de la même vitalité créatrice, ils cultivent une véritable fascination pour la femme et la nature au point de dépoussiérer l’art et de déclencher de nombreux scandales.

Nous avons voulu faire de cette inauguration un évènement à la hauteur du génie de COURBET. Rien n’aurait été possible sans les institutions publiques et collectionneurs privés. Je les remercie avec un signe particulier pour le musée d’ORSAY et son équipe. J’ai une pensée respectueuse et amicale pour Anne PINGEOT, Conservateur général honoraire qui ne peut être présente aujourd’hui. Elle est pour nous une aide précieuse dans la conduite de notre aventure. J’ai en mémoire les nombreuses discussions que nous avons eues et qui nous ont permis d’aboutir à ce que vous verrez.

Merci à tout le Ministère de la culture pour son accompagnement et son expérience. C’est parce que la Directrice des musées de France était à nos côtés que j’ai pu surmonter les difficultés et les découragements. Merci à Monsieur le Préfet et au Directeur régional des affaires culturelles. Je n’ai pas seulement trouvé auprès de vous des appuis financiers, ce qui est important, mais aussi et c’est essentiel la volonté toujours présente et engagée, d’accompagner notre ambition.

Merci à ma collègue et amie, Marie-Guite DUFAY, Présidente du Conseil régional qui a soutenu le projet de rénovation du musée et qui nous a accordé une aide exceptionnelle, inattendue et très précieuse pour l’organisation de notre 1ère exposition temporaire.

Merci à Catherine BERTAUX, Déléguée régionale du Groupe La poste qui représente notre première mécène (nous en aurons d’autres) et qui s’est engagée, à ce titre, à financer la totalité de la numérisation des 260 oeuvres de l’année. Merci également à tous nos autres partenaires : Télérama, Direct Matin, SNCF et France Télécom.

La Princesse Catherine AGA KHAN et son fils Monsieur Marc SURSOCK nous font l’honneur de leur présence ici. Il me tient à coeur de les remercier personnellement pour leur grand intérêt porté au projet « Pays de COURBET, pays d’artiste » et pour leur soutien actif dans la recherche de mécènes.

Je tiens aussi à souligner la présence remarquable de Monsieur Werner SPIES, Directeur honoraire du musée national d’art moderne de PARIS, spécialiste incontesté de Max ERNST et PICASSO et commissaire de prestigieuses expositions notamment au Centre Georges POMPIDOU de Paris qui, avec son ami Monsieur Marc SURSOCK, nous apportera un regard nouveau sur COURBET et sur les peintres contemporains, BACON en particulier.

Merci également aux militants de l’institut COURBET pour leur passion et leur amour de l’artiste. Sans eux, sans leurs prédécesseurs rien n’aurait été possible : c’est pourquoi d’ailleurs nous consacrons dans ce musée une salle à Robert FERNIER. Qu’ils se réjouissent : le voeu de leur père fondateur est aujourd’hui accompli. Mais ils doivent le comprendre, nous changeons de dimension. Je les invite à accompagner ce mouvement dans la fidélité tout simplement à leur raison d’être, c’est aussi la nôtre : faire rayonner COURBET le plus loin possible mais depuis son pays.

Merci à Christine EDEIKINS, notre architecte, et à son équipe, d’avoir su traduire notre rêve.

Merci aux entreprises qui, dans les dernières semaines mises sous pression, par le maître d’oeuvre et le maître d’ouvrage réunis, ont réussi à faire des prouesses.

Merci aux équipes du Conseil général, nombreuses et mobilisées, qui ont su s’investir sans relâche afin de répondre aux exigences et relever un tel défi.

Merci à vous toutes et vous tous d’être là. Vous êtes des amis de COURBET, vous êtes donc en même temps les ambassadeurs de notre territoire, l’un ne va pas sans l’autre. Rappelez-vous ce que disait le peintre.

« Moi, je connais mon pays, je le peins. Les sous-bois, c’est chez nous. Cette rivière, c’est la Loue. Allez-y voir et vous verrez mon tableau ».

Alors, c’est bientôt le moment … Chers amis, cédez à l’invitation : « allez-y voir… ».

Claude Jeannerot, Président du Conseil général

Les oeuvres de l’exposition permanente ont déjà trouvé leur place dans ce nouvel espace à la fois moderne et respectueux de l’authenticité des lieux. Le musée s’apprête désormais à accueillir les oeuvres de l’exposition d’ouverture « Courbet-Clésinger, oeuvres croisées ».

UN MUSÉE À L’IMAGE DE COURBET
Avant la rénovation, seul l’hôtel Hébert abritait le musée Courbet. Aujourd’hui il s’étend sur les deux maisons contigües, la maison Borel et l’Hôtel Champereux, sur une superficie totale de 2000 m². Le musée Courbet, labellisé « Musées de France », constitue la pièce maîtresse du projet « Pays de Courbet, pays d’artiste », porté par le Conseil général du Doubs*.Un musée ouvert sur les paysages d’Ornans
Ornans et ses paysages n’ont jamais cessé d’inspirer Courbet. Un lien intime et durable unissait le peintre à son « pays ». Le musée s’ouvre désormais en transparence sur les paysages environnants et offre des vues inédites sur la Loue et la ville d’Ornans grâce à une galerie vitrée, une vigie, un sol vitré au rezde- chaussée qui invite à marcher sur la Loue…

Une authenticité préservée
L’hôtel Hébert ou « maison dite natale de Courbet » se parcourt en tout début d’exposition permanente et accueille les oeuvres de jeunesse et formation de Courbet. Inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, il a gardé toute son authenticité et l’atmosphère d’antan. Les planchers ont ainsi été restaurés et les boiseries ont retrouvé les coloris du début du XIXe siècle. Quant au jardin, adossé au musée, il retrouve le charme des petits jardins des demeures de bord de Loue.

Un musée résolument moderne
Les volumes des maisons Champereux et Borel ont été adaptés aux exigences d’un musée moderne à vocation internationale. Des moyens audiovisuels ont été intégrés au parcours pour une mise en valeur optimale des oeuvres et un regard en continu sur les paysages de Courbet.

Afin de permettre de découvrir les multiples dimensions de l’artiste, une installation originale, « black box », présente une boucle audiovisuelle sur la rupture picturale constituée par les « grands tableaux » des années 1850.

COURBET ET CLÉSINGER RÉUNIS POUR UNE EXPOSITION D’OUVERTURE INÉDITE

Six salles consacrées aux expositions temporaires accueilleront deux fois par an des oeuvres venues d’autres musées ou collections privées, sur des thèmes en rapport avec Gustave Courbet.À l’occasion de son ouverture, le musée propose l’exposition « Courbet-Clésinger, oeuvres croisées » du 2 juillet au 3 octobre 2011.
Gustave Courbet, le peintre et Jean-Baptiste Auguste Clésinger, le sculpteur, étaient amis et partageaient les mêmes goûts artistiques pour la nature et les femmes. Leurs oeuvres mises en parallèle grâce à cette exposition révèleront ces sensibilités communes.

C’est la première fois qu’une exposition est consacrée à Jean- Baptiste Auguste Clésinger. L’artiste, gendre de Georges Sand, fréquentant la Bohème parisienne, a pourtant marqué le XIXe siècle, créant la polémique, à l’instar de Courbet, par ses choix et audaces réalistes.Parmi les oeuvres majeures de l’exposition sur les 52 présentées (sculptures, peintures, dessins, documents d’archives), citons : La femme piquée par un serpent, 1847, marbre, Clésinger, Musée d’Orsay, Paris
La Bacchante, Courbet, Fondation Rau pour UNICEF, Zurich, Allemagne
Portrait de femme
, Courbet, Musée national d’art occidental, Tokyo, Japon
La dame aux roses
, Clésinger, musée d’Orsay, Paris
Portrait de Marcello
, Courbet, Musée des beaux-arts de Reims
Andromède
, 1869, marbre, Clésinger, Musée de Périgueux
Buste de Marcello
, Clésinger, Fondation Marcello, Fribourg, Suisse
La vigneronne de Montreux, Courbet, musée Cantonal des beauxarts, Lausanne, Suisse
Nu couché, Courbet, Musée Mesdag, Amsterdam, Pays-Bas

L’EXPOSITION PERMANENTE : UN PARCOURS AUTOUR DE LA VIE ET DE L’OEUVRE DE COURBET

La diversité des collections de l’exposition permanente composées de 75 oeuvres restaurées, permet d’aborder toutes les périodes de la vie du peintre et de comprendre son oeuvre fortement liée à sa vie, ses idées et les paysages de la vallée de la Loue. Le parcours à la fois chronologique et thématique est structuré autour de trois étapes importantes :- 1819-1848 : Courbet, d’Ornans à Paris : sa famille, sa formation, la tentation romantique, ses liens avec le milieu ornanais et la bohême parisienne.- 1849-1851 : Rupture et affirmation d’une esthétique nouvelle. Avec « L’après-dînée à Ornans » puis la trilogie du salon de 1850, « Les casseurs de pierres », « Les paysans de Flagey » et « Un enterrement à Ornans », Courbet change la scène artistique et le cours de l’histoire de l’art de manière irrémédiable. Ces manifestes font rupture avec la tradition picturale et déclenche une véritable guerre entre les critiques d’art.

– 1852-1877 : Courbet, chef de file de la modernité, du réalisme à l’impressionnisme. Courbet révolutionne le monde de l’art en présentant des oeuvres au sujet populaire réalisées dans de grandes dimensions. Techniquement, il se libère aussi de la tradition picturale et accompagne le pré-impressionnisme. Les oeuvres accompagnées d’archives et de photographies retracent le contexte politique et artistique de l’époque. Elles permettent une réelle et vivante compréhension du milieu auquel appartenait Courbet et de l’influence que l’artiste eut sur l’art de son temps.

Place Robert Fernier
25290 ORNANS
Tel : 03 81 86 22 88
www.musee-courbet.fr

HORAIRES D’OUVERTURE
Tous les jours sauf le mardi
D’octobre à juin : 10h-12h et 14h-18h
De juillet à septembre : 10h-18h
Fermetures annuelles : 1er janvier, 1er mai,
1er novembre, 25 décembre

TARIFS
Plein tarif : 6 euros
Tarif réduit : 4 euros pour les jeunes et étudiants de moins de 26
ans, les plus de 60 ans, les familles nombreuses (à partir de trois
enfants), par personne pour les groupes de plus de 10 personnes,
Gratuité pour les enfants jusqu’à 12 ans,
les chômeurs, bénéficiaires du RSA et les personnes handicapées
Gratuité le premier dimanche de chaque mois,

Derniers articles

VALLÉE DE LA LOUE Météo