
La rénovation du Musée Courbet a toujours été au cœur du projet et représente aujourd’hui plus 60% du budget global soit 8,5 M €. A l’origine, l’extension prévoyait l’aménagement de 3000m2 dont l’ancien groupe scolaire Courbet. Elle concerne aujourd’hui 1500m2 et regroupe l’hôtel Champerreux, la maison Borel et l’Hôtel Hébert ou “maison dite natale”, dans lequel logent les 300m2 de l’actuel musée. La future institution accueillera non seulement une exposition permanente et des expositions temporaires mais également une boutique. Si la ville d’Ornans ne s’implique pas directement dans le financement du chantier, elle participera à l’aménagement du site notamment par la création d’un parking et d’une passerelle, par la réhabilitation de la rue de la Froidière et la mise en place d’une signalétique dans la ville.
Atelier Courbet. Récemment acquis par le département, cet ancien entrepôt de 200m2 fut de 1860 à 1873 l’atelier de Courbet dans lequel “la présence du peintre est palpable” note Frédérique Thomas-Morin. En effet, de nombreuses références à ce lieu ont été relevées dans les correspondances du peintre et on peut encore y apprécier la présence de fresques.La ferme paternelle de Flagey :
Saules. Si les conditions requises à l’accueil de la toile sont réunies, le tableau de Courbet représentant Saint-Nicolas sera réinstallé dans l’église de Saules. L’évaluation des travaux et la restauration du tableau s’élève à un montant d’environ 500000€. Le co-financement du projet entre le département et la commune de Saules est en discussion.
Parcours paysager. Cet aménagement concernera une trentaine de lieux chers à Courbet, situés dans le triangle Pontarlier/Salins-les-Bains/ Besançon. Une scénographie et un travail paysagiste adaptés à chaque espace contribueront à la découverte de Courbet par les paysages qui l’ont nourri sa vie durant. Le Conseil Général consacre 1,4M€ à ce parcours. Les 15 premiers sites seront réalisés en 2008 et le restant en 2009.

La maison familiale de Flagey : un projet adapté ?
A sa création, le Musée Courbet a naturellement pris place dans la “maison dite natale” de Courbet à Ornans. Mais Pierre Maire, maire de Flagey, se plait à expliquer que les parents de Gustave possédaient deux maisons, une dans la vallée et la seconde dans sa commune. La ferme de Flagey était à l’origine celle du grand-père paternel Claude-Louis Corbet, dont le nom fut déformé à l’état civil pour devenir celui de Courbet. “On dit même que Gustave serait né en chemin, alors que sa mère quittait Flagey pour se rendre à Ornans !” ajoute-t-il. Vendue par la sœur de Gustave, Juliette, à Felix Bourgon, cette bâtisse rentre dans le domaine public en 1999. La Communauté de Communes Amancey Loue Lison vote alors à l’unanimité l’acquisition de cette maison pour la somme de 700000 francs, auxquels il convient de déduire une subvention de 350000 francs (Dotation de Développement Rural). Par cet achat, la collectivité prouve son attachement au patrimoine local. Mais ne pouvant supporter financièrement le coût des travaux et convaincue de l’intérêt d’inclure cette construction dans le projet d’aménagement du Pays de Courbet porté par le Conseil Général, la CCALL cède la ferme au département pour un euro symbolique en décembre 2007. La communauté des communes a pris la décision de rembourser par anticipation le solde de l’emprunt souscrit lors de l’achat.
Une reconversion ambitieuse
Les travaux sur le site de Flagey débuteront dès le printemps 2008 pour se terminer à l’automne de la même année. Ce chantier, dont le coût est estimé à 2,4M € (15742968 francs), transformera la bâtisse aujourd’hui inhabitée en un lieu abritant trois chambres et une table d’hôte, un café librairie-bibliothèque et une salle pluridisciplinaire (exposition, spectacle, projection…), le logement du gardien ainsi qu’un atelier pédagogique. Le tout agrémenté d’un jardin avec potager. Afin de prendre en charge le gîte et d’animer les lieux, trois emplois attribués en priorité à des Rmistes “compétents”, tel que le précise le président du Conseil Général, seront créés.
Si les habitants du secteur ont pris part aux discussions (conservation de certains éléments d’origine de la ferme, maintien en l’état de la chambre du peintre…) et si les concepteurs du projet ont tenu à discuter avec les acteurs locaux (le pépiniériste Duchesne sur les questions paysagères, le maire de Flagey Pierre Maire, le conseiller général Patrick Ronot et l’ancien conseiller général Albert Bourgon), une question persiste : ce lieu trouvera-t-il ses utilisateurs et son public ?
Projet d’aménagement Courbet : sur la voix de la réconciliation ?
Avec une distribution réussie, des rebondissements surprenants, une intrigue culturelle captivante et des moyens financiers à donner le vertige, la saga du projet d’aménagement Courbet ouvre une nouvelle page de son histoire. Exit le conflit ouvert entre l’Institut Courbet, gérée par l’association des Amis de Courbet, et le Conseil Général. Il est temps de travailler ensemble sur le projet du futur musée.
Episodes précédents
Après de longs mois de discussion, le 4 décembre dernier, le Conseil Général du Doubs a présenté officiellement l’avant-projet “Pays Courbet, Pays d’artistes”, comprenant l’aménagement de cinq sites. Mais derrière l’apparent consensus entre le département et l’Institut Courbet, l’absence à cette présentation de Jean-Jacques Fernier l’actuel conservateur du Musée Courbet laissait transparaître certains désaccords.
De plus, l’Institut ayant reçu fin novembre par courrier postal cet avant-projet, son secrétaire général Jean-Louis Simon a rappelé au Conseil Général ses obligations. En effet, la convention de co-gestion qui lie les deux parties stipule que les décisions concernant le musée d’Ornans doivent être prises collégialement par le Comité de Gestion composé du Président du Conseil Général, de membres de l’Institut Courbet, du Conservateur du Musée de Besançon, de celui d’Ornans ainsi que de son maire. Suite à ce rappel à l’ordre, une réunion du Comité a été planifiée pour le 17 décembre 2007.
Coup de théâtre à l’Institut !
Une annonce inattendue a malheureusement provoqué le report de cette réunion, au 10 janvier 2008. Et pour cause ! L’Institut Courbet a été décimé par une vague de démissions. Parmi les quatre départs, on compte celui du Président de l’Institut, Marcel Pochard, ancien Président de la Réunion des Musées Nationaux, celui du 2ème Vice-président Jean-Jacques Perrenoud ainsi que celui du trésorier Roland Laheurte. Outre l’impact direct sur le fonctionnement de l’association, c’est la cause de ces démissions qui interroge Jean-Louis Simon “Les membres démissionnent pour une raison bien identifiée : ils ne tolèrent plus de travailler avec Jean-Jacques Fernier, Vice-président de l’Institut. Ils ne supportent plus son comportement jusqu’au-boutiste, son refus du projet de réhabilitation du musée proposé par le département”.
Rescapé du naufrage, Jean-Louis Simon convoque le samedi 22 décembre le Conseil d’Administration de l’Institut. Tandis qu’aucun renouvellement de poste n’est envisagé pour l’instant, il est décidé que Jean-Louis Simon conduira la délégation de l’Institut lors de la réunion du 10 janvier au Conseil Général. Jean-Jacques Fernier, quant à lui, y participera au titre de conservateur départemental. Si on reproche à cet homme sa conduite individualiste et dirigiste, la qualité de son investissement au sein du musée est reconnue par tous. Grâce à une politique d’acquisitions et de prêts ambitieuse, grâce à un travail de conservation et de valorisation des collections, Jean-Jacques Fernier a conforté la réputation de ce lieu.
Ecriture en cours
Le 10 janvier, le Comité de Gestion devra entériner le projet d’aménagement “Pays Courbet”. Si l’Institut désire affiner son discours d’ici là et rediscuter de deux détails architecturaux, il compte tout de même accepter le projet dans sa globalité.
Suite à cette adoption officielle, les membres du Comité se pencheront sur la rédaction de la convention de dépôt qui permettra au Conseil Général de disposer des tableaux de Courbet dont l’Institut est propriétaire, soit 70% de la collection actuelle du musée. Pour finir, Jean-louis Simon défendra l’idée de création d’un musée de substitution durant la période des travaux, afin de ne pas suspendre les activités muséales deux étés consécutifs. La fermeture du musée porterait effectivement atteinte à l’économie locale et remettrait en question la notoriété du musée. Une notoriété qui devrait au contraire se renforcer grâce au succès de l’exposition Courbet au Grand Palais à Paris qui, rappelons-le, sera présentée au Metropolitan Museum of Arts de New York en 2008.



