L’exploitation et la commercialisation du bois ont été les principales raisons de l’implantation d’une gare ferroviaire à Boujailles. Cela remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque le réseau des locomotives à vapeur du Jura a choisi de créer des lignes ferroviaires à voie métrique qui desservent notamment l’axe de Lons-Le-Saunier à Saint-Claude.
C’est la Compagnie Générale des Chemins de Fer vicinaux qui a été retenue pour l’exploitation de ces lignes. «Le tacot», comme on l’appelait communément autrefois, arpentait donc les villages jurassiens de Foncine-le-Bas jusqu’au terminus de Boujailles.
Par ailleurs, Boujailles a été un point central de ravitaillement en eau des locomotives vapeur des divers réseaux du Jura et du Doubs. Attendu pendant de longues années par les populations à l’écart des grands axes routiers, le tacot a permis certes le transport des marchandises, particulièrement du bois, mais également celui des voyageurs. Déficitaire et désuète, la desserte de Boujailles a été fermée en 1949.
Exploitée par la suite par la SNCF, la gare de Boujailles est restée empruntée par les trains régionaux et aujourd’hui encore par le TGV Paris-Lausanne via la gare de Frasne. La concurrence des transports routiers a incité la gare à fermer en 1997. Elle a de nouveau ouvert en 1999 pour le transport de marchandises, avec le surcroît d’activité lié à la violente tempête qui avait ravagé les forêts, pour finalement s’arrêter définitivement en 2002.
Aujourd’hui, un exploitant forestier est encore en activité au lieu-dit « La gare de Boujailles ». Ce poumon économique lié au bois avait permis en son temps la création d’un hôtel restaurant le Jura-Vert, situé à deux pas de la gare, qui a hébergé les employés des scieries d’autrefois ainsi que les voyageurs de passage. D’ailleurs pour l’anecdote, vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Nadine Trintignant a été envoyée par ses parents dans cet hôtel pour s’éloigner des bombardements parisiens. Dans les années 80, c’est la neige et l’air frais du Jura qui ont attiré les touristes dans cet hôtel qui à l’époque battait son plein, et qui a finalement fermé en 1992.
Ce hameau compte actuellement 28 habitants. Même si aujourd’hui il n’y a plus que le TGV qui traverse la gare de Boujailles, reste la gare qui rappelle aux habitants un lieu chargé d’histoire marquée par les coups de siffl et et les odeurs de sapins….
Sophie GARNIER