Lions, chameaux, chiens, chats, cerfs, lièvres, renards, poissons, oiseaux, chèvres, chevaux et vaches s’installent au musée pour tout l’été.
Au total soixante oeuvres de trente-deux artistes différents sont mises en scène selon un parcours thématique de cinq sections : le rapport de l’artiste à l’animal ; morts ou vifs : la chasse puis la nature morte ; la force du cheval et le pastoralisme des vaches.
L’exposition est accompagnée d’un riche programme d’animations avec des interventions d’artistes, photographes, taxidermistes, historiens de l’art, mais aussi des jeux pour les enfants de 7 à 107 ans.
Plus d’infos sur www.ville-pontarlier.fr
PRESENTATION DE L’EXPOSITION
Commissariat : Laurène Mansuy, directrice du Musée de Pontarlier
En partenariat avec l’Association des Amis du Musée de Pontarlier
Assistée de toute l’équipe du Musée : Elise Berthelot, Florence Blondeau, Françoise Bourdin, Emmanuel Debois, Christophe Rousset
Et des services de la Ville de Pontarlier : Direction de la Communication, Direction des Affaires juridiques et de la commande publique, Direction des Finances, Centre Technique Municipal.
Les études sur la représentation de l’animal dans la peinture, et dans l’art en général, se révèlent relativement récentes. Elles correspondent à la prise de conscience générale de la nécessité de protéger l’environnement et les espèces vivantes. Ces dernières années ont été particulièrement riches dans la programmation d’expositions sur le sujet. La dernière en date, « Beauté animale » au Grand Palais – Paris en 2012, a montré la naissance d’un art animalier au XIXe siècle à l’échelle occidentale. Mais qu’en est-il de la Franche-Comté, terre rurale, proche des animaux et féconde de plusieurs grands artistes ?
Y a-t-il de grands artistes animaliers en Franche-Comté ? Que représentent-ils ?
C’est ce que le Musée de Pontarlier et ses Amis se sont attachés à présenter à travers les cinq salles de cette exposition et le catalogue édité pour l’occasion.
PARCOURS DE L’EXPOSITION
L’artiste face à l ’animal
Un véritable art animalier nait en France au XIXe siècle. La Franche-Comté n’est pas en reste avec deux très grands artistes, Gustave Courbet et Jean-Léon Gérôme, qui abordent l’animal de manière tout à fait différente. Courbet peint les animaux de son pays natal. Il en fait les sujets de ses très grands formats, allant à l’encontre des conventions. Gérôme, peintre orientaliste de tradition académique, représente les animaux exotiques du Proche-Orient – chameaux, pur-sang arabes, chiens, marabouts, fauves, souvent intégrés à des scènes anecdotiques.
Bien que Gérôme ait enseigné son art à plus de deux mille étudiants, c’est Courbet qui laisse la plus forte impression sur les artistes de Franche-Comté. Dès 1924, les peintres, qui exposent au Salon des Annonciades autour de Robert Fernier, retiennent ses leçons sur le paysage et la place de l’animal. Boeufs, vaches, chevaux, chiens, volaille font partie de leurs images de la vie rurale et de la construction du mythe d’une nature salvatrice. Dans ce groupe, deux artistes se distinguent par l’intérêt particulier qu’ils portent aux représentations animalières : André Charigny et René Perrot.
La tradition de l’art animalier perdure au XXIe siècle avec des artistes restés figuratifs : Charles Belle, Marcel Mille, Christian Fumagalli, Philippe Marle, par exemple.
L’animal intègre des univers variés : identitaires pour les montbéliardes de Marcel Mille, oniriques et poétiques pour Dominique Sosolic, dénonciateurs et ironiques pour Michel Gindre, détournés pour Julien Mestik.
Morts ou vifs : le gibier des chasses
Le genre des peintures de chasse apparaît au XVIIe siècle avec Pierre-Paul Rubens. Il se diffuse à la cour de France, grâce aux commandes princières. Les peintres des équipages royaux comme François Desportes et Je
an-Baptiste Oudry dressent les portraits des chiens de Louis XIV puis de Louis XV. Au XIXe siècle, la chasse se démocratise. La pratique de la chasse à courre devient un sport mais reste un symbole de prestige.
Bien qu’il ne soit pas reconnu comme peintre de chasse officiel, Courbet laisse cent trente scènes de ce genre. Il représente de gros gibier comme les cerfs ou les chevreuils dans leur environnement forestier, souvent traqués par les chasseurs. Courbet figure aussi le petit gibier des braconniers, lièvres, oiseaux et renards. C’est l’occasion de représenter des animaux sauvages, difficilement accessibles. Les croquis pris sur le vif sont complétés par les gravures naturalistes en circulation et les animaux naturalisés. La compréhension des mouvements de vol ou de galop progresse grâce la chronophotographie d’Eadweard Muybridge, à partir de 1880.
Au XXe siècle, les peintres des Annonciades s’intéressent peu aux scènes de chasse, le genre a, en effet, trouvé ses limites après le Second Empire. Pourtant, André Roz, Henri Fricker, Pierre Jouffroy évoquent le quotidien des paysans du Haut-Doubs qui comptent de nombreux chasseurs de petit gibier.
Morts ou vifs : les natures mortes
Etape suivant les scènes de chasse, la nature morte de gibier est née dans les Pays-Bas du XVIIe siècle. Elle est introduite en France par Franz Snyders puis remporte un franc succès avec Jean Siméon Chardin au XVIIIe siècle. Courbet, copié par Gaston Robbe, s’essaie à la figuration de trophées de chasse dans le Repas de Chasse, déjeuner de fête accompagné des dépouilles des animaux tués. Pierre Jouffroy déploie son talent dans de
nombreuses natures mortes de gibier comme La Grande Chasse.
Ce dernier, comme André Charigny, peut aussi intégrer le petit gibier dans des scènes de cuisine. Ces dernières rappellent les bienfaits de la nature et les plaisirs de la table, bonheur simple dans la période difficile des années 1930.
La nature morte est l’occasion pour l’artiste de montrer sa maîtrise technique dans le rendu des matières : pelage, plumage, coquille, écaille… Les couleurs restent chatoyantes. Le peintre joue avec les valeurs, les tons et la lumière pour créer des correspondances inattendues entre les animaux et les objets. Ce jeu sur les matières va même jusqu’au trompe l’oeil, où l’illusion d’optique devient la perfection picturale.
Eloge de la ruralité : le cheval
Les chevaux tiennent une place importante dans la vie des hommes, ils sont donc fréquemment représentés dans la peinture. Monture prestigieuse, souvent militaire, ils personnifient l’aristocratie. Dans son Histoire naturelle, Buffon classe même le cheval immédiatement après l’homme. Georges Stubbs (1724-1806) publie les planches de L’anatomie du cheval. Largement répandues, elles servent de modèle à de nombreux artistes. Au XIXe siècle, la zootechnie est appliquée au cheval pour mettre au point des chevaux de course, selon la mode anglaise. Claude-Antoine Beau, premier professeur de Courbet, observe l’animal qui se cabre. Courbet et Gérôme les figurent souvent comme monture.
A côté du cheval de course, puissant marqueur social, le cheval de trait reste rare dans la peinture jusqu’au XXe siècle. L’intérêt pour l’animal domestique et la volonté de dépeindre une campagne authentique le place au coeur des scènes de la vie rurale des artistes des Annonciades. Chez Zingg, Robbe, Weisser ou encore Fricker, il est montré labourant le champ ou attelé à la charrette de foin. Chez Roz, il est employé pour le débardage des grumes de sapins ou pour tirer le traineau sur la neige, pratiques spécifiques à une région montagneuse. Face aux changements de l’entre-deux guerres, les artistes ont conscience de la valeur documentaire de ces scènes. Pourtant, le cheval comtois continue d’être utilisé malgré l’abandon de sa force de traction dans les années 1960. Pierre Bichet le représente avec sa robe alezane caractéristique en 1987.
Pastoralisme : les troupeaux de vaches
Les troupeaux de vaches se propagent dans la peinture comtoise sous l’influence hollandaise de Paulus Potter (1625-1654). A partir des années 1840, la peintre Rosa Bonheur parcourt la France pour promouvoir les différentes races régionales. Elle témoigne des progrès de l’agriculture et de la zootechnie, qui croise les races pour obtenir un animal correspondant aux exigences et besoins de l’homme. Un groupe d’artistes se constitue alors autour de la vache : c’est le triomphe du pastoralisme en 1850. Courbet reprend à son compte ces travaux et livre de grands tableaux comme Taureau blanc, génisse blonde.
Néanmoins, ce n’est qu’à la fin du XIXe que la Franche-Comté se spécialise dans la production fromagère. Les anabaptistes mennonites venus de Suisse introduisent un bovin de type bernois dans la région de Montbéliard. Cette nouvelle race laitière performante est reconnue en 1889 : la montbéliarde est née. La constitution des comices agricoles et des écoles de laiteries contribue à figer les caractéristiques de cette vache.
La présence de la montbéliarde sur le territoire devient emblématique de la réussite de l’agriculture comtoise. Les peintres participent à donner l’image d’une Franche-Comté traditionnelle mais prospère : Robert Fernier, Robert Bouroult et surtout André Charigny peuplent leurs toiles de montbéliardes. En 1950, à l’initiative de Fernier, l’exposition rétrospective du Salon des Annonciades est consacrée à la vache et au lait. Au XXIe siècle, face à mondialisation, la promotion du patrimoine local devient un enjeu touristique et identitaire. La protection de la vache montbéliarde passe par sa patrimonialisation. Un peintre comme Marcel Mille concourt à ériger la bête en particularité régionale.
SOIXANTE OEUVRES : QUELQUES EXEMPLES
Chasseur allemand de Gustave Courbet 1859Huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Lons-le-Saunier
Cette toile représente un épisode de chasse vécu par Courbet à Francfort en 1857. En effet, le cerf disparaît des forêts comtoises au XIXe siècle. Peindre ces animaux sauvages est un véritable défi : la bête ne se laisse pas approcher facilement. Les artistes pouvaient alors utiliser croquis, gravures en circulation, animaux morts et animaux naturalisés. C’est pourquoi le cerf naturalisé du musée de Montbéliard est placé en regard de cette oeuvre dans l’exposition.
Etude de l ion de Jean-Léon Gérôme
s.d.Huile sur toile, Collection particulière
Le peintre orientaliste Jean-Léon Gérôme, originaire de Vesoul, rencontre un grand succès pendant le Second Empire. Fasciné par la force et la superbe du lion, il en fait son emblème. Pour le peindre, il l’observe à la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris ou dans des cirques. Il finit même par acheter un vieux lion dompté pour l’installer dans son atelier.
Abattage des vaches malades d’André Charigny
1943Huile sur toile, Collection Musée de Pontarlier
Pour construire cette toile en atelier, André Charigny s’est inspiré d’un épisode vu en Ardèche en 1939 : des vaches atteintes de tuberculose étaient achevées par les éleveurs. Charigny a alors l’idée d’en faire une oeuvre dramatique : montrer l’abattage en masse d’animaux domestiques est tout à fait exceptionnel dans l’histoire de l’art et dans la carrière du peintre.
Charigny est plutôt connu pour ses représentations de vaches en pâture.
Le petit lièvre de René Perrot
1955Lithographie, Collection Amis du Musée
René Perrot convoque de nombreux animaux sauvages dans ses grandes tapisseries. Ses petits dessins animaliers sont moins connus. Le petit lièvre de 1955 rappelle l’oeuvre naturaliste d’Albrecht Dürer du XVIe siècle par la composition et la précision du trait de crayon.
« Je craignais la perspective » de Charles Belle
2009Acrylique sur toile, Collection particulière
En 2009, Charles Belle fait entrer un taureau dans son atelier pour se confronter à l’animal et capter sa puissance. Pendant douze jours, l’artiste multiplie les croquis et les toiles grand format. Cette démarche est filmée par le cinéaste François Royet. Le court métrage témoigne de l’acte de création et des doutes qui assaillent le peintre.
TRENTE ARTISTES :
POUR LE XIXE SIECLE
Pascal Dagnan-Bouveret
Ernest Brigot
Gustave Brun
Gustave Courbet
Antonin Fanart
Jean-Léon Gérôme
Auguste-André Lançon
Charles Maire
Edouard Mérite
POUR LE XXE SIECLE
Pierre Bichet
Robert Bouroult
André Charigny
Robert Fernier
Henri Fricker
Pierre Jouffroy
René Perrot
Gaston Robbe
André Roz
Charles Weisser
Jules-Emile Zingg
POUR LE XXI E SIECLE
Charles Belle
Pierre-Louis Bréchat
Pierre Duc
Christian Fumagalli
Hélène Georges
Philippe Marle
Julien Mestik
Marcel Mille
Dominique Sosolic
DIX-HUIT PRETEURS
Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon
Musée des Beaux-Arts de Dole
Musée des Beaux-Arts de Lons-le-Saunier
Musée du Château des ducs de Wurtemberg, Montbéliard
Musée départemental Gustave Courbet, Ornans
Musée Georges Garret, Vesoul
Château de Belvoir
Institut Courbet, Ornans
Et dix collectionneurs particuliers et artistes
Pour acheminer toutes les oeuvres à Pontarlier, trois agents ont été mobilisés à plein temps pendant 80 heures.
En lien avec l’exposition
– Jeu de Memory : à partir de 5 ans
– Livret de jeux : à partir de 6 ans
– Jeu tactile : « Au musée, tu peux aussi toucher ! » : tout public à partir de 2 ans
– Programme d’animations, conférences, visites : grand public
– Trois après-midi pour les enfants, atelier, conte, jeu de l’oie : 6 à 12 ans
– Catalogue d’exposition à 12 euros
Informations pratiques
Tarifs :
Exposition gratuite au cours des vacances scolaires.
En dehors de cette période : Plein tarif 4 euros ; Tarif réduit 2 euros



