Depuis l’entrée en vigueur de la loi en 1979, lors de la construction de maisons d’habitation, les propriétaires d’immeubles doivent réaliser des abris, les équiper et, par la suite, les entretenir. Chaque propriétaire peut néanmoins se soustraire à cette obligation à condition de verser une contribution pour chaque place de protection de substitution dans un abri public.
En 2006, la Suisse comptait 300 000 abris dans des habitations, institutions et hôpitaux ainsi que 5100 abris de protection civile publics. Cela correspond à 8,6 millions de places pour une population de 7,5 millions d’habitants, c’est-à-dire un degré de couverture de 114%.
En 2005, un député a présenté une initiative parlementaire demandant la suppression de l’obligation pour les particuliers de construire des abris antiatomiques soulignant l’inutilité de ces « reliques d’un autre temps », qui alourdissent le prix des constructions.
Initiative retoquée par le Gouvernement qui en conclue que de tels abris conservent leur utilité de nos jours, non seulement en cas de conflit armé, mais aussi afin de faire face à d’éventuels incidents chimiques ou nucléaires.
Cependant, tous les édifices publics ne restent pas vides, mais finissent par trouver une autre fonction en abritant des migrants, pour la plupart déboutés de leur demande d’asile, faute de places en foyers, et cela sur une durée indéterminée.
Depuis décembre 2014, le mouvement « Stop Bunkers » multiplie les manifestations afin d’obtenir la fermeture de ce type d’hébergement en bunker mettant en avant le respect des droits humains, la promiscuité et les conditions proches de l’incarcération. Dans un même temps, la Suisse se place en pôle position des meilleurs pays pour le stockage des données et l’armée reconvertit ses bunkers en centres d’hébergement numérique (data center).
Ces vestiges de la guerre froide ne risquent pas de disparaître, car profondément enracinés dans la mémoire collective. Ils trouveront certainement au gré de l’inspiration de quelques loufoques, une utilité plus conventionnelle comme la transformation en hôtel atypique ou pourquoi pas un studio d’émission de télé réalité.
Anthony JEANNIN