UN APÉRITIF CITOYEN
Organisé par l’Association Républicaine de Reugney de 19 h à 22 h, cet apéritif a permis aux participants de réfléchir et de débattre sur la place de la laïcité en France. C’est Philippe Bonnet, organisateur de la soirée, qui a contacté, il y a dix jours, le journal satirique. Avec surprise pour l’association, la demande a été reçue favorablement : « C’est important pour nous à Charlie d’être présents et de répondre du mieux qu’on peut aux questions » explique la DRH et cogérante de Charlie Hebdo après la « Grosse Bertha » en 1992.
Devant une cinquantaine de participants et une ambiance très conviviale, la soirée a commencé avec la projection du film « L’humour à mort ». Court-métrage qui rapporte de vieux témoignages de Tignous, Charb, Cabu, journalistes assassinés le 7 janvier 2015… Coco, Riss et d’autres sont également cités et racontent comment ils ont réussi à sortir un numéro post-attentat. Des images des coulisses, des pleurs, des éclats de rire, de l’émotion, la salle Lejeune frissonne devant cette cruelle réalité. Ces événements font ressurgir les souvenirs de cette semaine morose ou le pays entier fut témoin d’attaques terroristes, provoquant le décès de 17 personnes.
POUR LA LIBERTÉ D’EXPRESSION, CONTRE CHARLIE HEBDO
Le débat commence par une question : que veut dire « Je suis Charlie » ? Marika nous en explique l’origine : « C’est un slogan créé par Joachim Roncin, un graphiste français, dans les heures suivant l’attentat en soutien aux victimes ». Alors que symbolise-t-il ? « C’est une façon d’exprimer que je n’ai pas peur, que la liberté d’expression est au-dessus de tout, que je suis contre le permis de tuer ». La salle acquiesce. La journaliste de formation continue et raconte les journées suivant le drame : « Ça a été un grand réconfort pour nous de voir des millions de gens manifester pour nous soutenir, mais on s’est méfiés… ». Grand silence dans la salle. « Une fois passée par l’émotion, place à la réflexion : Oui, mais ils l’ont peut-être cherché… ». Des sociologues ont commencé à qualifier le 11 janvier (jour de rassemblement des français) de mouvement hystérique, des pétitions « Pour la liberté d’expression, mais contre Charlie Hebdo » ont également circulé. »
Ces avant-propos ont réveillé les esprits, les questions commencent à fuser : « Êtes – vous révolté contre la présence de dictateurs dans le cortège du 11 janvier ? Qu’estce qui fait que des jeunes soient prêts à croire ce genre d’idées ? Les moyens de l’éducation sont-ils à la hauteur pour éviter à nos enfants d’être embrigadés ? ». De nombreuses questions restent sans réponses, mais le débat est riche, les avis fusent. Alors oui « c’est ahurissant » de voir des dictateurs soutenir officiellement le journal de presse satirique. Celui qui a été élevé pendant quelques jours comme le symbole de la liberté d’expression a désormais retrouvé ses détracteurs. Mais même si le système éducatif échoue c’est le devoir, le rôle de chacun d’expliquer la laïcité à ses enfants, d’expliquer que le djihad ce n’est pas ce que l’on croit. Car comme le dit Marika, « aucune misère ne saurait cautionner la violence. C’est pour cela que des confrontations, des débats sont utiles ».
Maxence CUENOT
L’Association Républicaine de Reugney
L’association présidée par Philipe Bonnet propose par la curiosité et la culture ludique une réflexion sur le rôle des citoyens dans un village rural et son environnement dans la salle de Lejeune de Reugney. Ouverte à tout le monde de tout âge, convictions politiques ou philosophiques organise régulièrement des conférences, des débats et des rencontres thématiques.