Il s’est inspiré de l’entrée du château de Cléron et s’est donné dix ans pour achever son oeuvre. « C’est d’abord un loisir », souligne Jérôme Boutteçon soucieux de faire les choses dans les règles de l’art. La tourelle et son mur de rempart prennent forme. Le jardin est recouvert de tas de pierre, de linteaux récupérés à droite à gauche en vue du chantier. Dans un coin, le châtelain dévoile l’encadrement en pierre d’une ancienne porte de grange qui lui servira à construire l’arche d’entrée s’appuyant sur la tourelle.

Tout est prévu. Jérôme Boutteçon a déjà baptisé son chef d’oeuvre au nom de Renée Tosi, sa mère trop tôt disparue. Originaire d’Amancey depuis plusieurs générations, il a grandi dans l’amour des belles choses et le respect de ceux qui nous ont précédés ici-bas. Par exemple, sa grand-mère qui tenait l’hôtel des Voyageurs à Amancey. Une table alors très réputée pour ses bécasses, civets de lièvre, grenouilles, escargots, truites de la Loue… « De par cette éducation, je suis toujours resté très attaché à l’idée des anciens surtout ceux qui ont laissé des traces authentiques. » On comprend mieux cette passion de la pierre dont il rêvait d’ailleurs de faire son métier avant que son père l’oriente dans les métiers du bois. Il se formera à Moirans-en-Montagne puis à Luxeuil en compilant des CAP en ébénisterie, marqueterie, tournerie le tout agrémenté d’une certification en sculpture sur bois. Il met en application ses acquis dans un atelier alsacien où il travaille plusieurs années. « C’est là que j’ai compris que l’on pourrait repousser les limites de la marqueterie. J’ai aussi eu la chance de bénéficier de l’expérience d’artisans confirmés. D’où l’importance de transmettre. »

C’est l’heure du retour au pays pour Jérôme Boutteçon qui bâtit à Amancey sur un terrain ayant appartenu à son aïeule. Les racines. Il travaille alors à Sainte-Croix dans un atelier fabricant des écrins et coffrets en marqueterie : boîte à cigares, boîtes à musique exportées dans le monde entier… Les pièces du puzzle s’imbriquent peu à peu. « Une manufacture horlogère suisse nous a sollicité pour des pendulettes marquetées. » L’opportunité d’entrer dans la haute horlogerie où il exerce depuis une dizaine d’années en fabriquant des fonds de cadran comprenant parfois plusieurs centaines de pièces. « On travaille au 1/100e. » Le temps n’a plus d’importance quand il s’agit d’oeuvre d’art. Tenu à la confidentialité, le marqueteur d’Amancey a l’insigne privilège de pouvoir exercer à domicile. « J’ai tous les avantages du travailleur frontalier sans les inconvénients. » Dans son contrat, il doit aussi former ceux qui pérenniseront le métier. Sans regret, sans remord, il s’épanouit
dans son parcours. « Je sais aujourd’hui que c’étaient les bons choix. Je vis dans la plénitude d’avoir réussi mon chemin professionnel. »

D’autant plus qu’avec sa tour médiévale ou dans son métier, il a le sentiment de perpétuer un peu ce que d’autres ont transmis depuis des générations. Il fait oeuvre de conservation.Extrait du dossier spécial Amancey à retrouver dans le prochain numéro de la Presse Pontissalienne de juin N°200

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