En 1956, Robert Viprey créé à Scey-en-Varais son entreprise d’ébénisterie en se spécialisant progressivement dans le meuble de style : des formes et motifs travaillés, image d’un certain art de vivre et d’une époque. Dès 1965, Guy rejoint en tant qu’apprenti son père, suivi en 1973 par son frère Christian. Tous deux titulaires d’un CAP, ils embrassent ce métier avec l’énergie et la curiosité de leur jeune âge.

En février 1984, ils décident de reprendre la société paternelle et continuent à produire salles à manger, chambres à coucher ou cuisines sur mesure. Dès la fin des années 80, face à l’installation massive des grandes surfaces du meuble, à la clientèle de particuliers se substitue progressivement une clientèle de professionnels et d’industriels qui remplissent aujourd’hui au trois-quart le carnet de commande de la SARL Viprey. « L’adaptation au marché est la condition de survie de notre entreprise et nécessite une remise en question constante» explique Christian, le cadet. Outre le renouvellement des outils et machines, les matériaux ont eux aussi évolué. Les panneaux de plaqués et contre-plaqués viennent compléter la gamme des bois, principalement des essences locales tandis qu’apparaissent, dans des volumes somme toute modestes, plastique et aluminium. De plus, le meuble à l’unité s’avère de moins en moins rentable : la fabrication en petites séries s’impose.
Après l’entreprise Coquy de Flagey dont les premières commandes ont été honorées en 1992, ont suivi en 1995 le fabricant jurassien d’accessoires pour lunettes qui en 10 ans commande 4000 présentoirs expédiés à travers toute l’Europe. Aujourd’hui, dans le milieu confidentiel de l’horlogerie haut de gamme, circule le nom des ébénistes Viprey. Suite à la fabrication des premiers établis en 2001 pour une entreprise suisse, les commandes se succèdent. Guy et Christian mettent au point trois modèles sensiblement différents, dont les prototypes ont été conçus en collaboration avec les clients. Les plus prestigieux ateliers de l’horlogerie suisse vont être équipés par ces deux artisans varasques à qui a été confiée, à travers la conception du mobilier, l’image même des entreprises. Certains de ces meubles, totalement adaptés au travail d’orfèvre réalisé par les horlogers, vont permettre la fabrication de montres de trés haute complication ! En 2006, ils expédient des établis en Angleterre, aux Etats-Unis et l’année 2007 voit naître une collaboration avec la Suède. Cette réputation internationale, construite sur la qualité de l’ouvrage et le respect des délais imposés par les clients, est le fruit du travail appliqué de deux générations d’artisans. Mais si Klaus (chocolaterie suisse) et la Fruitière Pupillin comptent parmi leurs clients, ou si de trés grandes marques horlogères leur font aujourd’hui confiance, Guy et Christian portent toujours autant d’intérêt à la restauration d’une armoire comtoise ou d’un vieux secrétaire Louis-Philippe !

L.F.

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