C’est en tout cas la thèse soutenue par Serge Tisseron, docteur en psychologie et psychanalyse, psychiatre et chercheur à l’Université Paris VII, qui synthétise des études nord-américaines et pose des repères d’utilisation des écrans en fonction de l’âge pour tenter d’y voir plus clair. « Pas d’écran avant 3 ans ! » Il est prouvé que l’enfant de cet âge ne gagne rien à la fréquentation des écrans, même s’il a l’air captivé par les belles images et le son de la télévision. En effet, avant trois ans, l’enfant a besoin de se construire en sollicitant au maximum ses cinq sens. Une autre mise en garde plus surprenante concerne l’enfant qui joue dans une pièce où la télévision est allumée : effectivement, dans ce cas, on peut voir son attention générale diminuer jusqu’à 25%.
Déficit d’attention révélé durable par une étude récente. La tablette tactile peut être utilisée très ponctuellement, dans un laps de temps court et toujours accompagnée par un adulte. « Pas de console de jeux avant 6 ans ! » S’il s’initie trop tôt aux automatismes de la console de jeu, l’enfant pénalise le développement de sa créativité. Les jeux vidéo, même s’ils paraissent interactifs, ne laissent en réalité aucun choix à l’enfant qui doit atteindre un but défini en suivant une route bornée qui ne lui permet pas de créer.
Pour ce qui est de la télévision, le plus grand danger consiste à la regarder passivement. Si l’adulte parvient à construire le fil d’une histoire, à adopter un regard critique, à faire la part du réel et de l’impossible, l’enfant, lui, n’en est pas capable à cet âge. Il apparaît donc nécessaire de ne pas laisser un enfant seul devant un écran.
« Entre 6 et 9 ans, l’enfant a besoin de découvrir les règles du jeu social. » Aussi, les écrans commencent à devenir des supports de découverte et de socialisation intéressants. Si internet ne représente que peu d’avantages pour énormément de dangers à cet âge, l’accès à l’ordinateur, aux jeux vidéos et à la télévision garantit la découverte d’un pan entier de notre société. Attention toutefois aux limites d’âge – de nombreuses images peuvent être choquantes – et de durée.
« Entre 9 et 12 ans, l’enfant a besoin d’explorer la complexité du monde. » Pour ce qui est des jeux, les jeux qui se jouent à plusieurs, surtout en contact de proximité (joueurs dans la même pièce) sont à privilégier. Ensuite, les premiers pas sur internet doivent être accompagnés par l’adulte afin d’en intégrer les trois notions fondamentales : tout ce que l’on y met peut tomber dans le domaine publique, tout ce que l’on y met y restera éternellement, et tout ce que l’on y trouve n’est pas forcément vrai. Une discussion importante est nécessaire pour ce qui concerne le droit à l’image de votre enfant et du reste du monde.
« Après 12 ans, l’enfant s’affranchit des repères familiaux » et intègre de plus en plus les codes sociaux de son entourage d’amis. Si les repères et les discussions précédemment exposés ont été accomplis et suivis, l’adolescent se trouvera dans un cadre ni contraignant, ni limitatif qui devrait lui permettre d’éviter les pièges et les dérives de la société des écrans. Le seul dernier piège à éviter est une connexion nocturne illimitée depuis sa chambre. Utilisés correctement et de manière réglementée (imposer une durée limitée quel que soit l’âge), les différents écrans sont autant d’outils nécessaires à la compréhension et à la découverte du monde qui nous entoure. Notre société nous fait les utiliser de plus en plus, ne les «consommons» pas sans les comprendre, eux et les messages qu’ils véhiculent !



