Il n’a pas été baptisé immédiatement Morbier et, de ferme en ferme, il a connu bien des prénoms. On l’appelle définitivement Morbier dès la fin du 19e siècle en lien avec son village d’origine qui est devenu aujourd’hui la petite ville de Morbier dans le Haut-Jura. En hiver, les fermes étant très isolées, les paysans ne pouvaient pas livrer le lait à la fruitière du village. Comme le lait d’un seul troupeau ne suffisait pas à la fabrication des imposantes meules de Comté, les paysans ont alors fabriqué un fromage fermier plus petit, de 8 à 10 kg, en additionnant la traite du matin et celle du soir. Ils faisaient cailler le lait du matin, le mettaient en moule pour ensuite le recouvrir de cendre, dans le but de protéger le pain de caillé.
C’est ainsi que le trait cendré est apparu. Le soir, les paysans recouvraient la première partie du fromage avec le lait caillé de la deuxième traite. La légende était née. Le Morbier avec sa ligne cendrée entrait dans l’histoire des fromages de caractère. La cendre qui provenait du chaudron est aujourd’hui remplacée par du charbon végétal obtenu en calcinant à des températures très élevées du buis, du pin ou de la tourbe.



